Les créateurs de mode ont du mal à écouler leurs produits

Avec un marché envahit par les marques étrangères, le label camerounais peine à prendre son envol.

Dans un secteur dominé par les marques étrangères, les modélistes camerounais ont du mal à vendre leurs créations. « Ce n’est pas facile, les Camerounais sont accros au style occidental et s’intéressent peu à la tendance locale », indique Sandrine Nana, jeune styliste. Pourtant, le pays dispose des créateurs talentueux, de tissus de bonne qualité pouvant émouvoir une classe moyenne prédisposée à la consommation. Le Cameroun semble avoir toutes les cartes en main pour faire décoller son industrie de la mode. Mais un problème demeure, celui de l’importation « massive » des marques étrangères. D'après les chiffres officiels, à peine 1 % du segment de l'habillement et de la confection est contrôlé par des opérateurs locaux, apprend-on. Cela dit, la quasi-totalité du marché demeure la chasse gardée des importateurs de vêtements neufs ou de seconde main en provenance d'Europe et de Chine.

Au regard de tous ces obstacles, les créateurs de mode font preuve d’énormes stratégies pour vendre leur création. Nombres d’entre eux se servent aujourd’hui des réseaux sociaux notamment Facebook pour promouvoir leur art. C’est le cas de Sandrine Toua, accessoiriste professionnelle. « La base de ma clientèle provient des réseaux sociaux, et quant aux restes, ils me viennent du bouche à oreille », affirme l’artiste. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à procéder de cette manière, pour faire écouler ses produits. En plus des réseaux sociaux, la modéliste Esterella, se sert de l’audio-visuel pour attirer la clientèle. Ce à travers des spots publicitaires. Outre cette stratégie, nombres de modélistes, profitent des foires, salons, séances de défilés et autres évènements pour susciter l’adhésion du public camerounais. La styliste modéliste camerounaise Donatela, en ait la preuve palpable. Elle a participé à plusieurs reprises à des évènements de renom. A l’instar du salon Promote. A l’en croire « c’est généralement lors de tels évènements que l’on profite pour faire connaitre notre art et attirer la clientèle ».

Cependant, la commercialisation des créations de mode préoccupe réellement. Selon Yves Eya’a, promoteur du Forum des métiers de la mode et du design au Cameroun, dans un contexte dominé par les marques étrangères, il revient aux modélistes locaux de faire preuve d’imagination pour vendre leur produit. « La concurrence est rude. Nous leur recommandons qu’il soit bien de faire des choses qui peuvent se vendre et être portables. Car entre une petite robe droite importée d’Europe avec des tissus modernes et une robe droite confectionnée en Afrique avec des matières locales, comme le pagne, si elle est bien faite, il n’y a pas de différence », avait-il indiqué lors de la 4ème édition du Forum des métiers de la mode et du design au Cameroun.

Tout de même, nombres de camerounais, trouvent difficile de s’habiller à la mode camerounaise. Pour la plupart d’entre eux, les produits proposés par les créateurs locaux sont onéreux. « Il faut acheter le tissu et faire coudre un model. Cela peut valoir entre 20000FCFA et 100000FCFA. S’il faut ajouter à cela les accessoires, ca vaut plus. Et certains vont préférer faire recette aux vendeurs de friperie ou encore à des vêtements chinois », se justifie Hortense N., ménagère. Pour cette dernière, s’habiller à la mode africaine, est un luxe. « C’est généralement ceux qui ont un pouvoir d’achat conséquent qui font recette aux grands créateurs. Surtout que le marché est dominé par des modélistes de pacotilles », lance Marthe Along, une fashionista.

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