Les responsables d'auto-écoles disent non à la corruption
Les responsables d'auto-écoles disent non à la corruption

L’épreuve écrite qui s’est déroulée samedi 23 Mai à Douala a enregistré la présence de 87 candidats au lieu de 185 prévus par la délégation régionale du ministère des Transports.

Les responsables d’auto-écoles ont manifesté leur mécontentement samedi 23 mai à Douala lors de l’examen de permis de conduire. Vêtus de noir et brandissant des pancartes sur lesquelles étaient inscrites « non aux faux permis », « versement des frais d’examen au trésor public » etc., les grévistes ont montré leur ras-le-bol contre les actes de corruption organisés au sein du ministère des Transports(Minstrans) et ses démembrements, apprend-on auprès de ces derniers. Pour la plupart des responsables d’auto-écoles présents au lycée d’Akwa à Douala, lieu où s’est déroulé l’examen écrit du permis de conduire, bon nombres de candidats présents à cet examen n’ont pas reçu de formation venant d’auto-écoles formelles. « Ces personnes sont des candidats du ministère des Transports, ils viennent des auto-écoles fictives », a lancé Dieudonné Nyoumsi, président des auto-écoles françaises.

Des accusations qui s’avèrent justifiées puisqu’elles ont été confirmées par certains candidats. Approchés à la fin de cet examen, certains d’entre eux ont affirmé dans l’anonymat au reporter de LQE, qu’ils ne sont issus d’aucune auto-école. Cependant, apprend-on, il leur a été recommandé au cas où on leur posait des questions, de dire « qu’ils ont été formés à l’auto-école française », confie l’un de ces candidats sans décliner son identité. Une affirmation qui ne peut cependant pas être vérifiée puisque sur la liste des candidats à cet examen de permis de conduire, les noms des auto-écoles de ces derniers n’y sont pas mentionnés. « Ce qui n’a toujours pas été le cas dans les années antérieures », nous fait-on savoir. Toute chose qui conforte les responsables des auto-écoles que la corruption qui a « toujours » caractérisé les examens de permis de conduire signe et persiste. « Nous ne sommes pas pris en considération par le gouvernement, les auto-écoles rencontrent beaucoup de problèmes, c’est à cause des candidats pareils que nos permis de conduire sont bafoués », fulmine Patrick Tala Fotso, représentant de l’auto-école canadienne.

Présente samedi dernier, Mme le délégué régional des transports pour le Littoral, Pamela Ayuk Etah n’a pas jugé bon d’interrompre l’examen. A l’en croire, les textes prévoient que les examens peuvent être organisés si le nombre de candidats présents dépassent 40. Raison pour laquelle, elle a affirmé que «les examens se sont déroulés comme prévus ». Notons que, les examens de permis de permis de conduire qui ont pour habitude d’enregistrer plus de 3000 candidats n’a accueilli que 87 candidats pour cette session. Un faible taux qui se justifie selon certains par le fait que les responsables d’autos écoles qui exercent dans l’illégalité selon le Mintrans n’ont pas présenté de candidats à cet examen. Ainsi, sur les 185 candidats attendus par la Délégation régionale du Minstrans seulement 87 ont répondu présents samedi dernier.

Ghide

Dieudonné Nyoumsi. Pdt des auto-écoles

Dieudonné Nyoumsi. Pdt des auto-écoles

Dieudonné Nyoumsi

«80% de candidats qui passent l’examen n’ont pas reçu une formation»

Le président du Syndicat national des auto-écoles du Cameroun(Synpaec), indique les raisons de la grève samedi dernier.

Qu’est ce qui peut expliquer l’absence des auto-écoles de renom dans la liste des établissements conformes publiée par le ministère du Transport ?

Pour le ministre du Transport, les auto-écoles qui n’ont pas déposé les dossiers d’examen de permis de conduire ne sont pas considérées comme des auto-écoles existantes autrement dit en règles. C’est la raison pour la quelle  nos noms ne figurent pas sur la liste. Cependant, la plupart des auto-écoles dont le nom figure  sur cette liste dans la ville de Douala ne sont pas connues du grand public, se sont les auto-écoles fictives. Aujourd’hui tous les agents de transport  passent par les auto-écoles fictives pour présenter les candidats à l’examen. Et, ce sont ces auto-écoles que le ministre a reconnu. C’est de bonne guerre, mais je pense qu’un pays ne peut se développer sans les opérateurs économiques. Et tant que les opérateurs économiques ne peuvent pas trouver leur compte du fait des agents véreux du ministère, ils ne peuvent que revendiquer de façon loyale leur droit. C’est ce que nous faisons en tant qu’organisation-socio professionnelle des auto-écoles. Nous avons lancé un préavis de grève suivi d’un avis de grève.  Mais le Ministre du Transport pense que, nous sommes devenus plutôt des délinquants au lieu d’être des partenaires. On ne peut être le cas, puisque nous existons depuis des années. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on peut nous rayer sur la liste. Ils ne peuvent plus nous reconnaitre comme tel sans aucune notification valable. Ce n’est pas normal d’un haut dignitaire tel le ministre du Transport (Robert Nkili).

Qu’est ce qui est véritablement à l’origine de cette grève ?

Aujourd’hui, les auto-écoles sont vides de candidats, à cause des auto-écoles fictives dont le ministre vient de relayer. Les auto-écoles loyales qui sont censées  existées n’existent plus parce que les agents du ministère des Transports ce sont constitués en auto-écoles, pour présenter les candidats à l’examen de permis de conduire sans droit. L’insécurité routière qui gangrène dans ce pays c’est du fait des agents véreux du ministère des Transports qui distribuent les permis de conduire à des personnes qui n’ont pas reçu des formations dans les auto-écoles agrées. De ce fait,  les auto-écoles s’entendent mortes. C’est la raison pour la quelle nous avons décidé d’attirer l’attention de l’opinion publique. Il faut que les Camerounais cessent de donner leur vie inutilement  sur nos routes. Il faut également qu’on nous laisse faire notre travail. Il faut que l’examen du permis de conduire soit un vrai examen et non un examen qu’on organise pour faire passer des candidats fictifs. Où souvent, la présence physique n’est pas constatée à l’examen. Nous avons aussi remarqué que  des candidats réguliers échouent l’examen au détriment de ceux  qui ne sont même pas venus se présenter.  C’est un paradoxe. Aujourd’hui il va falloir que les auto-écoles comprennent, qu’ils doivent se lier pour défendre leur profession.

Qui sont donc les 185 candidats dont la délégation régionale des transports a reconnu ?

Ces personnes n’ont pas été présentées par nos auto-écoles.  Nombreux sont des candidats du ministère,  ce sont des potentiels chauffards de demain qui vont continuer à décimer la population camerounaise. Nous sommes entrain de faire une grève pacifique. Ce n’est pas une grève où on empêche l’examen de se dérouler. Mais nous disons que nous allons manifester pour que l’examen se fasse  de manière régulière. Le permis camerounais n’a aucune valeur, parce que  80% de candidats qui passent l’examen n’ont pas reçu une formation d’auto-école. 

Propos recueillis par Ghide

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