Les consommateurs d'escargots sont de plus en plus nombreux
Les consommateurs d'escargots sont de plus en plus nombreux

La consommation des escargots s’avère ne pas être une particularité africaine. La France, indique le site d’information Planetoscope, consomme environ 15 000 tonnes d'escargots chaque année, dont 90 à 95% sont importées. La consommation de ces gastéropodes vaut à ce pays le titre de premier consommateur mondial d'escargots. La France constitue également le deuxième importateur mondial de cet aliment après la Chine. Ses importations en 2002 représentaient 23% des importations mondiales en valeur et provenaient surtout de la Turquie, de la Grèce, de la Pologne et de la Roumanie et dont les parts de marché ont été respectivement de 41 %, 14%, 12% et 10%, apprend-on. L'Italie représente le cinquième marché mondial d'importation d'escargots. L'Espagne occupe la quatrième place dans les importations mondiales d'escargots en valeurs. Pourtant, elle a importé en 2002 environ 8.600 tonnes, soit plus en volume autant que la Chine et la France réunies. Avec environ 2.000 tonnes en 2002, la Grèce occupe le Au Cameroun, les chiffres liés à la consommation de l’escargot ne sont pas disponibles. Toutes fois, cet alimente est prisé. C’est pourquoi, le gouvernement a tenté de mettre en place un projet non-conventionnel pour valoriser ce secteur. Mais, sans succès. Aujourd’hui très peu d’éleveurs sont encore visibles. Et le ramassage est le seul moyen pouvant vous permettre d’avoir sur votre table un plat d’escargot. Cela dit, quelles peuvent être les raisons qui empêchent l’expansion de ce secteur au Cameroun ? Éléments de réponses…

Ghide

Commerce

La vente des escargots a le vent en poupe

Alors que, son élevage est quasi –inexistant à travers le pays, ce secteur attire de nombreux vendeurs ambulants, qui semblent plutôt, tirer leur épingle du jeu.

« Kongo-meat, kongo-meat», lance de vive voix une jeune dame, se faisant belle dans un salon de coiffure au quartier pk 13 à Douala. Cette dernière semble s’adresser à un jeune garçon à peine âgé de 16 ans. Sur sa tête, un récipient de 10 litres transparent comportant des dizaines de brochettes d’escargots rôtis. Tout à côté, et dans le même sceau, un petit bol de piment, côtoie la viande d’escargots rôtis. Les prix de la brochette varient entre 100 FCFA et 200FCFA. « Les plus gros coûtent 200FCFA », explique le jeune garçon à sa cliente. Sur les propos rassurants du jeune vendeur, la dame en prend cinq, à raison de 200FCFA la brochette. Ses collègues, toutes aussi intéressées achètent par la marchandise à les unes que les autres n’hésitent pas à s’en servir. Les dames ont acheté 10 brochettes, soit 5 de 100FCFA et 5 de 200FCFA. C’est au total 15 brochettes d’escargots que vient de vendre le marchand. Ceci, pour la somme de 2500FCFA.

Non loin de ce salon de coiffure, deux jeunes autres vendeurs de brochettes d’escargots sont interpellés par les clients d’un bar. Ces derniers vont acheter 50 brochettes aux petits vendeurs. C’est avec le sourire aux lèvres, qu’ils vont se partager les 5000FCFA reçus de la vente de leurs marchandises. Dans les recoins du quartier Akwa à Douala, l’activité prospère. Les vendeurs ambulants de ces mollusques sont partout. Difficile de faire un pas sans les apercevoir. Jonas Ngono, en est un. Pour ces vacances, il a choisi comme activité de « vendre les escargots pour gagner un peu d’argent avant la rentrée prochaine ». Et d’après lui, il ne regrette pas. « Tous les jours, j’engrange entre 3000FCFA et 5000FCFA de bénéfices », relève le petit vendeur d’escargots, même s’il reconnait qu’il y a des jours où les ventes ne sont pas très bonnes.

Contrairement à Jonas Ngono, le commerce des brochettes d’escargots représente pour d’autres vendeurs leur gagne-pain quotidien. C’est le cas de Didier Fokoua, 30 ans, ainée d’une fratrie de 4 enfants. Ce jeune camerounais originaire de la région de l’Ouest du pays, pratique cette activité depuis plus de 10 ans. « J’ai commencé à exercer ce petit métier après l’arrêt de mes études au secondaire. Depuis lors, je m’en sors plutôt bien. C’est une activité lucrative », fait-savoir Didier Fokoua. A l’en croire, grâce au commerce des escargots, il assure la scolarité de ses plus jeunes frères. Lesquels lui viennent souvent en aide pendant les vacances. « Leur aide se limite souvent à la préparation, et la vente de sa marchandise, ce qui n’est pas petit comme contribution ». Comme lui, ils sont nombreux dans cette ville qui se sont lancés dans cette activité « florissante ».

Selon les experts, il existe plusieurs espèces d’escargots comestibles. Mais la race la plus prisée au Cameroun est l’escargot géant africain « Achatina fulica », d’après les scientifiques. Ce mollusque terrestre se distingue des autres à travers sa taille plus imposante et sa coquille en rayure marron. D’autres gastéropodes très connues sont : Hélix aspersa (petit-gris et gros-gris); l'escargot de Bourgogne (Helix pomatia) ; l’escargot des bois scientifiquement surnommé le cepaea nemoralis ; l’escargot de Corse connu sous le nom de tyrrhenaria ceratina ; l’escargot grec (helix cincta) ; l’escargot des jardins (cepaea hortensis) etc

Marché de Chèvres (Douala). Desvendeuses d'escargots

Marché de Chèvres (Douala). Desvendeuses d'escargots

Approvisionnement

Plus de ramasseurs que d’éleveurs dans la ville de Douala.

Dans la capitale économique, beaucoup d’éleveurs ont abandonné l’activité. Cause, mauvais climat...

Douala, samedi 27 juin 2015, lieu-dit marché de chèvres, il est environ 6h30 minutes. Deux jeunes hommes, (des ramasseurs d’escargots), déposent des sacs remplis de ces mollusques, connus sous le nom « d'escargots géants africains ». A peine arrivés au marché, les femmes présentes se ruent sur les sacs. Et, vident les sacs de leur contenu. Les escargots sont déversés dans des cuvettes de 10 à 15 litres. Après cette étape,  les négociations peuvent alors commencer. Au bout de plusieurs minutes de marchandage, entre les commerçantes et les ramasseurs les vendeurs sont enfin  payés. A peine ont-ils tourné le talon, trois autres ramasseurs débarquent également sur les lieux.  Comme leurs congénères, ils sont venus armés de sacs remplis d’escargots qu’ils finissent par vendre aux mêmes femmes (bayam sellam).

Ce samedi matin, ils sont de plus en plus nombreux à se présenter. Contrairement aux autres jours de la semaine, «  samedi c’est le jour où l’on reçoit beaucoup de marchandises », affirme Mme Mbebek, vendeuse d’escargots. Nombreuses sont celles, qui, ont leurs propres ramasseurs. Quand ces derniers arrivent sur la place du marché. Ils se dirigent directement vers leur cliente. C’est ce que fais généralement Jean Marie. Ce ramasseur d’escargots à pour cliente principale, dame Yvette Kouatcho. Ce samedi matin, il est arrivé avec deux sacs d’escargots à moitié plein. Après avoir évalué la contenance de sa marchandise dans des récipients de 15 litres. Il tente d’arracher un bon prix. Car ici, les outils de la métrologie (poids et mesures) n’existent pas. Ils font donc avec les moyens de bord. Pour les deux contenances (30l), la commerçante le propose la rondelette somme de 20 000FCFA. Un montant que le ramasseur accepte sans replis. Interrogé sur la provenance de sa marchandise, Jean Marie fait savoir au reporter de LQE, que ces escargots proviennent des plantations de PK 17.  «  C’est dans les champs que nous procédons à la collecte  d’escargots », indique-t-il.

 Comme ce dernier, Patience Mboya, est une ramasseuse de ces mollusques terrestres. A l’en croire, c’est aux environs de 19 heures qu’elle débute la cueillette. «  Nous allons dans les champs avec les torches pour réparer facilement  les escargots.  Et c’est généralement dans les plantations de pk 37 que j’attrape ces gastéropodes », affirme-t-elle. Comme bon nombres de ramasseurs, elle dit  utiliser aussi des « produits » telle la drêche (résidus de la distillation des céréales, généralement utilisés pour l'alimentation animale ; elles sont principalement issues des brasseries et des distilleries fabricant des alcools et le bioéthanol) pour faire sortir les escargots de leurs nids.  Ainsi, «  le procédé est plus facile », affirme  la ramasseuse.

Selon les vendeurs, les escargots écoulés  dans les espaces marchands de la capitale économique proviennent aussi souvent des villes telles Souza, Melom, Loum, Mbanga, Edéa etc.  Dans ces lieux, on retrouve quelques  éleveurs, « mais difficile de les repérer dans la capitale économique, la plupart d’entre eux ont interrompu l’activité et se sont reconvertis dans la collecte, à cause du climat qui n’est pas favorable à l’élevage de ces bêtes », indique Jean marie, ancien éleveur d’escargots géants africains. A la Chambre de Commerce, d’agriculture des pêches de l’élevage et des forêts(Capef) Littoral, on ne dit pas le contraire. «  On retrouve beaucoup plus de collecteurs d’escargots à Douala. C’est dans les villes de Buéa, Loum … qu’il y a des éleveurs », nous relève-t-on.

 

Malgré les efforts des pouvoirs publics, l'héliciculture peine  à décoller

Malgré les efforts des pouvoirs publics, l'héliciculture peine à décoller

Débouchés

Quand la promotion de l’héliciculture coince

En dépit de quelques moyens mis en place par le gouvernement pour promouvoir ce secteur, l’élevage des escargots peine toujours à décoller au Cameroun.

En 2008, le gouvernement camerounais avait consacré un montant de 5,4 milliards de FCFA pour le Projet d’appui aux élevages non conventionnels (Papenoc). Ce programme concernait en effet six catégories d’éleveurs.  Les aulocodiculteurs, éleveurs d’hérissons, les caviaculteurs (cobayes), les héliciculteurs (escargots), les ranaculteurs (rats palmistes) et les cricétoméculteurs (grenouilles géantes), ainsi que l’élevage d’oiseaux de type caille. Aujourd’hui l’on n’entend plus parler  de la Papenoc. Serges Makarga, ancien coordonnateur de ce projet dans la zone de Manjo, dit pour sa part ne pas comprendre  « les raisons de l’extinction de ce projet pourtant promoteur à l’époque de sa création ».

Même si le Papenoc a d’ailleurs cessé d’exister, quelques  Camerounais ont continué à élever ces mollusques. M. Bissom, de la coopérative d’éleveurs d’escargots à  Edéa, continue son activité.  Pour dame Ndengue, formatrice des éleveurs d’escargots, « c'est un créneau qui marche très fort et qui a de l'avenir ». Riche en protéines, l'escargot est apprécié dans plusieurs pays notamment en Tunisie, au Maroc et à l'étranger pour sa chair et ses saveurs particulières. Il est consommé en l'état ou dans des mets variés. Ses œufs, dits caviars d'escargots, sont également prisés dans ces pays. En plus, la bave d’escargots est utilisée dans la cosmétique.

Dans le monde, la France consomme environ 15 000 tonnes d'escargots chaque année, dont 90 à 95% sont importées, selon le site Planetoscope. La consommation de ces gastéropodes au fil des ans lui a valu le titre  de premier consommateur mondial d'escargots. La France constitue également le deuxième importateur mondial d'escargots après la Chine. Ses importations en 2002 représentaient 23% des importations mondiales en valeur et provenaient surtout de la Turquie, de la Grèce, de la Pologne et de la Roumanie et dont les parts de marché ont été respectivement de 41 %, 14%, 12% et 10%, apprend-on. L'Italie représente le cinquième marché mondial d'importation d'escargots. L'Espagne occupe la quatrième place dans les importations mondiales d'escargots en valeurs. Pourtant, elle a importé en 2002 environ 8.600 tonnes, soit plus en volume autant que la Chine et la France réunies. Avec environ 2.000 tonnes en 2002, la Grèce occupe le troisième rang dans le classement des pays importateurs d'escargots.

Tout à côté du Cameroun, le Nigeria, pays de plus de 170 millions d’habitants est aussi un gros consommateur d’escargots. A ce grand voisin, s’ajoutent des pays africains tels que le Ghana, la Côte d’ivoire, pour ne citer que ces pays. Des pays avec lesquels le Cameroun a des liens très forts et notamment sur le plan économique. A la chambre de Commerce, d’agriculture, des pêches et des industries animales (Capef) Littoral, le Cameroun gagnerait à relancer les projets initiés il y a quelques années, afin de pénétrer ces différents marchés africains, grâce à l’héliciculture qui attirent déjà pas mal de jeunes. 

Nicole Ndengue, Formatrice des éleveurs d'escargots

Nicole Ndengue, Formatrice des éleveurs d'escargots

Nicole Ndengue

« LAchatiniculture peut contribuer à hauteur de 2 à 5 % dans l’économie »

La formatrice des éleveurs d’escargots  apporte quelques éclairages sur la production des escargots au Cameroun.

Que faut-il faire pour promouvoir  l’activité  d’élevage d’escargots au Cameroun ?

Au Cameroun, l’élevage des  escargots est encore embryonnaire contrairement à certains pays d’Afrique à l’instar du Nigeria  et du Ghana.  Tout de même, dans certaines  régions du Cameroun comme au Sud-ouest, au Centre, dans le Littoral plus précisément dans les zones telles, Loum, Pendja, Melom, l’activité tente de fleurir.  A, Douala nous avons essayé, mais l’élevage ne prospère pas  à cause du climat et de la pollution. Faire la production intensive de l’élevage d’escargots reste encore un dur labeur. Car tous ceux qui veulent s’engager dans ce domaine n’ont pas encore la maitrise de ces éléments qui embrigadent le secteur. C’est le véritable problème. Le gouvernement camerounais peut donc promouvoir l’élevage d’escargots en organisation des formations. Il y a quelques années, nous avons bénéficié d’un projet d’appui de l’élevage non conventionnel.

Le projet avait-il abouti ?

Au départ il y avait une lueur d’espoir, mais depuis plus de 5 ans,  le projet s’est arrêté. Il n’a pas abouti. Les gens se sont découragés. Et la rareté des géniteurs est à l’origine de cette mise en arrêt.  Les escargots qu’on trouve dans les fermes d’élevage  sont des escargots ramassés dans la nature. Ces mollusques sont appelés escargots géants africains.  Pour véritablement aboutir à la réussite de cette filière, l’initiative privée doit se concrétiser et ne pas toujours attendre que le gouvernement fasse le premier pas.  Cependant, il y a une réelle volonté venant des éleveurs,   pour cela, il faudrait qu’on trouve des professionnels qui peuvent encadrer ceux qui veulent se lancer dans l’élevage.  Tout de même, les personnes qui  ont essayé se trouvent  dans des zones propices.  Il faut noter que la consommation d’escargots croît de jour en jour.  Et à ce rythme de consommation, on risque de constater une disparition de  l’espèce d’escargot géant africain dans nos forêts, et pour y remédier il faut trouver des solutions et pratiquer l’élevage.

Hormis le climat et la pollution, Pouvez-vous énumérer d’autres difficultés  que rencontrent les acteurs dans ce secteur d’activité ?

Le climat et  la pollution  sont deux phénomènes majeurs qui ne favorisent pas l’héliciculture. Bien qu’aujourd’hui, on parle de plus en plus Achatiniculture, au regard du type d’escargot comestible au Cameroun.  De plus,  la rareté des  géniteurs (reproducteurs) découragent les éleveurs.  Cependant, s’il y avait par exemple une station de recherche ou encore une ferme parentale tout serait à notre avantage.  Mais il n’y en a pas. 

cette  filière peut-elle veritablement contribuer à la croissance du pays ?

Au regard du développement de ce secteur dans d’autres pays,   la promotion de cette activité,  peut non seulement apporter des devises au Cameroun, mais elle peut générer de l’emploi et faire réduire le chômage.  en plus elle peut contribuer à l'amélioration du PIB de notre pays.  Même si cette viande n’est pas consommée dans toutes les régions  du Cameroun, comme c’est le cas à l’Ouest. Nombreux sont les habitants de ces zones qui commencent à découvrir les saveurs de ces mollusques. La consommation de cette viande  est plutôt encrée dans la culture des habitants des zones de forêt.  Le ramassage est la pratique utilisée par ces derniers pour s’approvisionner. 

Quelles sont les actions  entreprises par le gouvernement  pour inciter l’élevage des escargots ?

 Il y a plus de 7 ans, le gouvernement avait entrepris une promotion de l’élevage des escargots. Ceci à travers le Projet d’appui aux élevages non conventionnels (Papenoc). Grace à cela, de nombreux éleveurs ont vu le jour. Même si quelques uns ont désisté aujourd’hui, certains continuent de pratiquer cette activité. Dans la région du  Centre, on trouve des grands éleveurs d’escargots tout comme au Sud-ouest. Le climat s’y prête déjà.  Il y a même une coopérative d’éleveurs d’escargots. Il faut juste essayer de relever cette activité qui sommeille, car,  l’élevage d’escargots à de l’avenir.

Propos recueillis par Ghide

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