5 octobre 2015. Les enseignants réclament leur droit
C’est sur le thème : « Un personnel enseignant fort pour une société durable », qu’ils revendiquent des meilleures conditions de travail.
Réunis comme un seul homme à la place des fêtes de Bonanjo, les enseignants des écoles privées et publiques de Douala ont célébré lundi 5 octobre la journée mondiale des Enseignants. Décidés à faire valoir leur droit, ils sont venus marquer d’un pas alerte leur engouement aux respects de leur responsabilité. Ceci, à travers des pancartes et banderoles, sur lesquelles on pouvait lire : « l’enseignant du privé mérite mieux. Premier dans les résultats et dernier dans les salaires, nous voulons la convention collective ». L’amélioration des conditions de travail étant au centre de leur préoccupation, ils n’ont pas tardé à s’exprimer sur le sujet. « Les enseignants en particulier ceux du secteur privé vont mal. Ils exercent leur métier dans des conditions parfois désolantes et décourageantes », nous fait savoir le Syndicat national des travailleurs des établissements scolaires privés du Cameroun (Syntespric).
L’absence des outils de travail notamment ordinateurs, des meubles (chaises et tables), l’insuffisance salariale et bien d’autres maux participent selon le Syntespric à la dégradation du système éducatif camerounais. Au regard de ces maux, les enseignants tirent la sonnette d’alarme. « Nous sommes fiers d’être des citoyens camerounais. Nous œuvrons pour le développement du pays, en formant la jeunesse camerounaise, considérée comme le fer de lance de la nation. De ce fait nous voulons que le gouvernement entende notre voix », affirment en chœur les enseignants du groupe scolaire bilingue La Jeunesse. Pour Nelson Agbor Akem, Directeur de l’école Standard bilingual nursery and primary school, le gouvernement camerounais doit accompagner les pédagogues dans leur activité et mettre à leur disposition des moyens pour exercer avec force leur métier. « Nombres d’enseignants, n’ont pas un salaire décent pour les permettre de s’épanouir. De plus, le bien être d’un enseignant joue un rôle important sur son rendement », relève-t-il.
Pour cette 21ème édition de la fête des enseignants, la revalorisation des valeurs de l’enseignant est de rigueur. Avec un système éducatif très complexe, comme l’affirme la plupart, les instructeurs se sentent lésés. Pourtant, « nous sommes la base de la fondation de la société », affirme Albert Mbock, proviseur du lycée technique de Nylon. Pour lui, les enseignants travaillent avec enthousiasme, professionnalisme et persévérance, ce malgré les injustices qui jonchent le système éducatif. Parlant de ces injustices, d’autres enseignants font aussi allusion au mauvais traitement qui sévit dans la fonction publique entre l’enseignement et les autres corps de métier (douane…). Cela dit, les récriminations au niveau du système éducatif sont nombreuses. Et, Malgré tout cela, le proviseur recommande à ses collègues « de ne pas baisser les bras ». Car, dit-on « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».
Axée sur le thème « Un personnel enseignant fort pour une société durable », les enseignants ont tout de même accueilli avec joie cette 21ème édition de la fête mondiale des Enseignants. Censeur au lycée bilingue de Sodiko, Tachum Nwafo, ne dit pas le contraire. « Nous sommes ravis de célébrer cette journée avec nos proches », affirme-t-il fier. Au cours de cette célébration, environ 81 enseignants ont reçu des médailles d’honneur. Ce, en présence du représentant du gouverneur de la région du Littoral, Etienne Ludovic Ngbwa.
Ghide
Emmanuel Nkunke Ngouaba
« Il y a des brebis galeuses dans l’enseignement »
L’inspecteur pédagogique, également chevalier des palmes académiques analyse le système éducatif camerounais.
Le système éducatif camerounais est parsemé d’embûches, les enseignants ne cessent de se plaindre, quelles analyses faites-vous au regard de toutes ces préoccupations ?
Les attentes des instituteurs sont nombreuses. Le respect du profil des carrières est important. Cela dit, il y a beaucoup de brebis galeuses dans l’enseignement. Ces personnes médiocres sont parfois nommées à des postes de responsabilités (proviseurs, directeurs d’écoles etc.). Sur ce, nous voulons que les gens nommés soient désignés sur la base du mérite, de la compétence et des critères prévus par les textes de la république. Si on parvient à résoudre ce problème de nomination, cela peut résoudre à 60% les problèmes des enseignants. Le deuxième problème que tout le monde évoque c’est naturellement l’amélioration des conditions de travail. Cette amélioration passe par l’équipement des établissements scolaires de meubles et d’outils de travail. En outre, l’effectif élevé des élèves (100) dans les salles de classe influence le travail de l’enseignant. Viennent ensuite les conditions salariales. Il faut noter que c’est l’enseignent qui forge les mentalités des élèves.
Le thème de cette 22ème édition de la fête des enseignements est : « un personnel enseignent fort pour une société durable », quelle analyse faites-vous ?
Ce thème est fort évocateur, mais il ne résoudra pas les problèmes qui sévissent dans le secteur éducatif au Cameroun. S’il fallait s’attarder sur les beaux thèmes et les beaux discours, le Cameroun serait déjà construit depuis longtemps. Mais le heurt, c’est qu’il y a un fossé entre les thèmes, les textes, les discours et les actions. En ce qui concerne précisément le thème, on ne peut pas parler d’une société efficace s’il n’y a pas la sécurité et la stabilité. Il faut que les enseignants soient performants sur le plan technique et pédagogique. Pour que, le système éducatif de notre pays puisse être apprécié et sollicité comme en Occident.
Propos recueillis par Ghide