Jean Zangue, le sculpteur de cornes de Boeuf
Jean Zangue, le sculpteur de cornes de Boeuf

Il recycle les ossements de bœuf pour en faire des objets d’art.

La sculpture c’est sa passion. Contrairement aux artistes qui utilisent le bois pour en faire des objets d’art, Jean Zangue a choisi d’exprimer sa passion à travers les ossements de bœuf. Plus précisément la corne de l’animal. La plupart des dessins visible sur les cornes symbolise la chasse, la danse traditionnelle et l’agriculture. Pour justifier son choix sur cette partie, il fait tout simplement savoir qu’elle matérialise mieux l’aspect culturel des traditions africaines. « Les cornes reflètent une image propre à la culture locale », relève Jean Zangue, le sculpteur. A sa manière, le quinquagénaire essaye de faire renaître dans l’esprit des citoyens camerounais modernes une partie de leur civilisation oubliée, il y a fort longtemps. Car selon lui, la mondialisation et la modernisation ont quelques peu effacé dans la mémoire de certains une partie de leur culture. C’est pourquoi, à travers ses représentations, Jean Zangue tente de faire renaître l’image d’antan dans l’esprit des Camerounais.

Sa passion pour les cornes de bœuf commence à l’âge de 19 ans. Et, c’est dans la région de l’Ouest plus précisément à Dschang, que Jean Zangue forge son savoir dans la sculpture des cornes de bœuf. C’est après avoir passé plusieurs années dans la menuiserie, qu’il décide de s’orienter vers cet art qui le fascine tant. Parfois difficile de trouver sa matière première (Cornes de Bœuf), dans cette région du Cameroun, il décide d’effectuer de temps à autre plusieurs déplacements dans la capitale économique pour s’approvisionner. Et c’est à la Société de développement et d’exploitations des productions animales(Sodepa) au quartier Bonaberi à Douala, qu’il trouve son compte. Chaque mois, il achète environ 30 cornes à raison de 200FCFA l’unité. Les transactions entre les deux régions n’étant pas des plus simples, il décide de s’installer définitivement avec sa famille dans la capitale économique. Mais ce n’est pas seulement la distance entre les deux régions qui l’incite à s’installer ici. « J’ai toujours voulu travailler à Douala et faire valoir mes œuvres dans cette localité jonchée de beau monde », affirme-t-il.

Recycler les cornes de bœuf, est aussi pour lui une façon de protéger la nature. De même que, ces ossements servent aussi à la fabrication de la poudre de calcium. Un composant utile dans la provenderie. Pour réaliser ces œuvres d’art, Jean Zangue met 12 jours pour sculpter. Avant, il laisse tremper les cornes dans l’eau pendant trois jours. Ce procédé « permet de séparer l’os de la coquille », indique-t-il. Après cette étape, il utilise un « ciseau V » techniquement appelé gouge pour effectuer ses dessins. Dès fois, c’est sur commande qu’il réalise les représentations, dit-il. Le résultat final obtenu, il monte les cornes sur une plaque à bois, imprégnée de dessins africains. Le travail complètement achevé, le sculpteur peut vendre sa marchandise. Le coût de son œuvre est estimé à 25 000FCFA. Mais le prix n’est pas fixe.

Installé sur les berges de la rivière Kondi au quartier Ndogbong à Douala, Jean Zangue, a fait de cet endroit son lieu de service. Il y a construit une petite cabane. Chaque jour, il se rend sur la place du marché pour vendre sa marchandise. Comme difficultés, il affirme passer souvent plusieurs semaines voire même un ou deux mois sans vendre une paire de cornes. Mais le sculpteur ne fléchit pas. « Ce travail demande beaucoup de patiente, et c’est depuis 1975 que je fais ce métier », lance-t-il l’air serein.

Ghide

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