Le Minader, Henri Eyebe Ayissi, remet un kit de travail à une agricultrice lors du mini-comice agropastoral

Pour les agriculteurs, le changement climatique, le manque de financement, l’enclavement des routes et l’absence des intrants sont à l’origine de cette situation.

L’année 2015 achevée, quelques agriculteurs des régions du Littoral et de l’Ouest dressent un bilan très peu élogieux de leur récolte. « Elle n’a pas été très bonne, la production pas assez abondante », disent-ils. Présents lors du mini-comice agropastoral organisé à la fin du mois de décembre dernier à Douala, ces derniers n’ont pas hésité a relayé les difficultés qui parsèment leur activité auprès des autorités administratives présentes ce jour. Pour la plupart des agriculteurs, le changement climatique, est l’un des responsables de cette situation. Dans la région de l’Ouest par exemple, l’excès de pluie pendant la période de semence n’a pas facilité la tâche aux agriculteurs de ce terroir. « Quand il pleut beaucoup, il est même déjà difficile pour nous d’aller aux champs, et quand bien même on réussit à faire de sillons et a y mettre des graines, la pluie lessive le sol », relève Monique, agricultrice.

Les écoulements abondants et non réguliers, n’ont pas été très favorables pour tous les agriculteurs du Littoral. Surtout que, toutes les spéculations ne sont pas adaptées à toutes les saisons. « L’année antérieure a été très arrosée dans la région du Littoral. En plus, nous avons des cultures qui se font uniquement en saison sèche et d’autres à l’entame de la saison pluvieuse. Ce déséquilibre a véritablement eu un impact sur nos récoltes », a affirmé Julienne, jeune agricultrice. Cette dernière est spécialisée dans la culture des tubercules, notamment ignames et manioc.

Autres difficultés...

Hormis les frasques du climat, le manque de financement, l’utilisation des outils rudimentaires et le manque des intrants sont également de véritables bouchons pour les agriculteurs qui souhaitent s’épanouir dans leur activité. Hugues Fomeni, est un jeune agriculteur. Installé dans le département du Mungo, il dispose d’un verger de 2 hectares. Sa production de cacao est d’une tonne par an et celle du café est estimée à demi-tonne. Comme tous les agriculteurs, il veut accroître son rendement. Pour cela, il dit avoir besoin d’engrais de qualité.

Michel Kamadeu, agriculteur du Groupe d’initiative commune (GIC) de l’Union des cultivateurs de Ndokama, village de Nkondjock dans le département du Nkam (Oeculdoc) connait lui aussi quelques problèmes. Cependant, ce dernier désireux de produire en grande quantité pour approvisionner les marchés locaux vit dans une zone très enclavée à cause du mauvais état des routes. Sur ce, le fameux manque de financement fait également défaut. Sur ce point, le GIC a mis en place quelques astuces pour braver cela en 2016. Selon Michel Kamadeu, le GIC compte d’ailleurs organiser des collectes de fonds. Une méthode qui devrait en principe leur permettre de préfinancer leur activité. « Entre membres, nous avons trouvé cette solution efficace », dit-il.

Au cours de cette nouvelle année, plusieurs agriculteurs espèrent tout de même connaitre une embellie au niveau de leur production. Mme Rose Mbarga de la coopérative Métier agropastoraux pour le Cameroun (Méagro) à Malèké dans l’arrondissement de Fiko, souhaitent également un changement. Dans le but de s’épanouir dans leur activité, sa coopérative compte d’ailleurs attirer l’attention du gouvernement pour l’approvisionnement en eau dans cette partie du terroir. « Nous avons besoin de forages qui ne s’assèchent pas. Car l’accès à l’eau est très difficile en saison sèche. Et, pendant cette période, les forages que nous avons sont vides, de ce fait il faut trouver une solution », relève Mme Rose Mbarga. La coopérative Méagro est axée dans la culture du palmier à huile et du poivre blanc.

Production locale

Au niveau de la production locale, l’on nous fait d’ailleurs savoir que les prix pratiqués dans les marchés de Douala révèlent une hausse de 2 à 5% par rapport à ceux de 2014. Cette hausse serait également due aux gros achats servant pour ravitailler les populations refugiées et à l’Est Cameroun mais aussi à l’accélération des exportations des produits agricoles dans la sous-région. A la délégation régionale du Ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) Littoral, l’on apprend que seuls les prix du Kg de maïs et de celui de la pastèque ont connu une légère baisse en 2015. Toutefois, le poivre reste incontestablement la denrée agricole la plus chère et la plus rentable avec 13 000fcfa/kg. Mais, « constitue une culture trop exigeante et trop technique pour sa production », relève Jean Marie Bell Nyemb, délégué régional Minader.

Au regard des difficultés que traversent les agriculteurs, le ministre de l’Agriculture et du développement rural(Minader) Henri Eyebe Ayissi, entend mettre tout en œuvre pour soutenir l’agriculture locale. C’est pourquoi, il affirmait d’ailleurs entre autres que : « parvenir à assurer durablement cette sécurité alimentaire, au niveau national, constitue un chantier permanent et une œuvre de longue haleine. Les avancées enregistrées à ce jour dans ce domaine doivent être sauvegardées, consolidées et améliorées, au quotidien ». Il s’exprimait ainsi lors du dernier mini-comice agropastoral organisé en décembre dernier. A l’en croire, dans cette optique le gouvernement a mis en place une politique de développement du secteur rural, basée sur l’amélioration des conditions d’accès aux intrants, sur l’appui-conseils, sur l’appui matériels, le renforcement des capacités des acteurs des chaines de production, de transformation et de commercialisation, et sur des subventions multiformes.

Ghide

Tableau récapitulatif des prix des spéculations à Douala en 2015

Spéculations

Productions annuelles

(tonnes)

Superficies

(HA)

Prix (marchés de Douala)

Maïs

168.380

64510

250fcfa/boite de 1kg

Manioc

435.570

21085

500fcfa/tas

Macabo-taro

174.300

26959

500fcfa/tas

Ignames

71.123

7771

2.500/ petit tas

Plantain

572.440

40256

3.500FCFA/régime moyen

Banane d’exportation

168.000

31034

160/kg

Huile de palme

91.254

42836

700fcfa/litre

Poivre

300

380

13.000FCFA/kg

Caoutchouc

8532

11212

800FCFA/kg

Cacao

21200

32275

1.500fcfa/kg

Café robusta

8.500

5234

900fcfa/kg

Papaye solo

1.300

84

300fcfa/kg

Pastèque

5.120

142

200fcfa/kg

Ananas d’exportation

1.340

140

280/kg

Source : Délégation régionale du Minader pour le  Littoral

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